L’histoire de Vic-le-Comte

Vic-le-Comte, située au cœur de l’Auvergne, est une ville au riche passé historique. Autrefois capitale d’un petit comté, elle a joué un rôle clé dans l’histoire régionale, laissant derrière elle des traces indélébiles marquées par des événements politiques, religieux et culturels. Cet article retrace les moments forts de l’histoire de Vic-le-Comte et ses anecdotes les plus intéressantes.

L’ascension de Vic-le-Comte en tant que capitale du comté d’Auvergne (1229)

Au début du XIIIe siècle, dans un contexte où les rois capétiens cherchent à renforcer leur pouvoir, Philippe Auguste, roi de France, confisque la majeure partie des terres du comte d’Auvergne, Guy II, pour ses alliances avec le roi d’Angleterre, Jean sans Terre. En 1229, Vic-le-Comte devient la capitale d’un petit comté résiduel, comprenant plusieurs châteaux forts. Ce statut de capitale transforme rapidement la ville, avec la construction d’un palais, d’une enceinte fortifiée, et l’installation d’une chancellerie, marquant le début d’une ère de prospérité inattendue.

La charte de franchise de 1367

Le 2 novembre 1367, Jean Ier, comte d’Auvergne, réunit une assemblée à Vic-le-Comte pour accorder à la ville une charte de franchise. Ce document fondateur accorde des droits significatifs aux habitants, notamment la réduction des impôts seigneuriaux et la création d’un pouvoir politique local avec quatre consuls élus. Ces dispositions visent à favoriser le développement commercial et artisanal de la ville tout en instaurant une paix sociale. Cette charte marque une étape importante dans l’autonomie et la prospérité de Vic-le-Comte.

La fondation du couvent des Cordeliers (1473)

En 1473, les Franciscains, plus communément appelés Cordeliers, s’établissent aux portes de Vic-le-Comte. Ce couvent joue un rôle essentiel dans la vie religieuse et sociale de la ville. En plus de leur mission spirituelle, les Cordeliers s’impliquent dans l’éducation et la charité, apportant un soutien important à la communauté locale.

La construction de la Sainte-Chapelle (1520-1524)

Entre 1520 et 1524, Jean Stuart, régent d’Ecosse et époux d’Anne de la Tour (comtesse d’Auvergne), fait édifier une Sainte-Chapelle au cœur de son palais comtal de Vic-le-Comte. Cette chapelle, véritable chef-d’œuvre de la Renaissance, est ornée de sculptures représentant les 12 apôtres, réalisées par Giovanni Francesco Rustici, un sculpteur florentin influencé par Léonard de Vinci. Cet ensemble est exécuté à Paris entre 1528 et 1529, alors que Rustici est sculpteur attitré de François Ier, ami intime de Jean Stuart.

Catherine de Médicis et le morcellement du comté d’Auvergne (1554)

À la mort de Jean Stuart, le comté d’Auvergne passe entre les mains de Catherine de Médicis, sa nièce, dont il était le tuteur. Dans un contexte de guerre de religion, Catherine de Médicis, pour affermir son pouvoir et financer ses projets, commence à morceler le comté en vendant ou en cédant progressivement ses terres. Ce processus de démantèlement commence dès 1554 et se poursuit jusqu’à la fin du siècle. Bien que Catherine n’ait séjourné qu’une nuit à Vic-le-Comte en 1566, son passage reste marqué dans l’histoire de la ville.

Vic-le-Comte et les guerres de religion (1589-1591)

Durant les guerres de religion, Vic-le-Comte est assiégée à deux reprises. En 1589, le comte de Randan, favorable à la Ligue catholique, tente de s’emparer de la ville. Les habitants, pour empêcher l’ennemi de s’installer dans les faubourgs, détruisent plusieurs bâtiments et abattent les deux clochers de l’église paroissiale. Randan échoue à prendre la ville après treize jours de siège. Deux ans plus tard, en 1591, le duc de Nemours assiège à son tour Vic-le-Comte. Après un intense bombardement, il lève le siège en échange d’une rançon de 2 500 écus. Pour aider la ville à se reconstruire, Henri IV accorde des exemptions d’impôts aux habitants, bien que les fortifications restent en mauvais état pendant longtemps.

L’arrivée des dames de Fontevrault (1645)

En 1645, dans un contexte de renouveau catholique, un couvent de l’ordre de Fontevrault est fondé à Vic-le-Comte. Les religieuses de cet ordre, à la fois contemplatives et enseignantes, accueillent des jeunes filles de la bourgeoisie locale pour leur éducation. Ce couvent, qui est devenu la médiathèque de la ville après sa rénovation en 1982, témoigne de l’importance de Vic-le-Comte dans le réseau éducatif religieux de l’époque.

La fontaine monumentale de 1722

Dominique Montaigue, gouverneur des Eaux et Forêts, fait construire en 1722 une fontaine monumentale sur la place du marché de Vic-le-Comte. Cette fontaine, alimentée par une source située à trois kilomètres du bourg, est ornée d’une inscription latine incitant à tempérer le vin avec de l’eau. Cette inscription humoristique, gravée sur la margelle, reflète la sagesse populaire et l’importance de la modération dans la culture locale.

Vic-le-Comte à l’aube de la Révolution française (1789)

En 1789, les habitants de Vic-le-Comte rédigent un cahier de doléances dans lequel ils expriment leurs aspirations à plus de justice sociale et économique. Ce cahier, rédigé sous la direction de François Cuel, un avocat influent de la ville, joue un rôle important dans les débats qui précèdent la Révolution française, marquant l’engagement politique des Vicomtois.

Annet Pardoux, inventeur génial de Vic-le-Comte (1792)

Né à Vic-le-Comte en 1775, Annet Pardoux est un inventeur prolifique dont les créations ont marqué son époque. À l’âge de 17 ans, il décide de se consacrer à l’invention et installe son atelier dans sa ville natale. Parmi ses réalisations les plus remarquables figurent une horloge représentant la Passion du Christ, des presses à huile innovantes, et un mécanisme pour fabriquer plusieurs sabots à la fois. Son ingéniosité fait de lui une figure emblématique de l’innovation industrielle de l’époque.

Conclusion

Vic-le-Comte est une ville dont l’histoire riche et variée mérite d’être connue et partagée. De son statut de capitale d’un petit comté d’Auvergne à son rôle dans les guerres de religion, en passant par ses contributions culturelles et scientifiques, Vic-le-Comte a marqué l’histoire de l’Auvergne et de la France. Aujourd’hui, elle continue d’attirer les visiteurs curieux de découvrir son patrimoine unique.