Perché sur un ancien cratère volcanique, dominant la vallée de l’Allier, le château de Buron était autrefois une place forte redoutée. Aujourd’hui en ruines, il conserve dans ses pierres le souvenir d’une légende terrifiante, celle du seigneur maudit que l’on surnommait « le Garrou ».
Un château aux allures imprenables
Situé non loin de Vic-le-Comte, le château de Buron mêlait les basaltes gris aux laves pétrifiées des volcans éteints, offrant une silhouette austère et menaçante. Jadis, il fut le nid d’aigle des seigneurs de Buron, dominant la région et exerçant leur influence sur les terres environnantes. Mais un nom, plus que tout autre, a marqué la mémoire collective : Robert de Buron, dernier maître du château, un homme cruel et sans pitié.
La terreur du « Garrou »
Robert de Buron, connu sous le surnom de « Garrou », inspirait la peur et la haine. Ce féroce seigneur était un véritable fléau pour la contrée, menant des pillages sanglants, incendiant les villages et terrorisant les populations. Aucune église ni couvent n’échappaient à sa fureur dévastatrice.
Un soir d’orage, lui et ses hommes se présentèrent aux portes d’un couvent, suppliant qu’on leur ouvre en prétendant être des voyageurs égarés. Trompés par cette ruse, les moines leur accordèrent l’hospitalité. Mais à peine les lourdes portes refermées, la troupe de Buron se jeta sur eux, massacrant les religieux et s’emparant du vin sacré des caves du couvent.
La malédiction
Alors que la fête battait son plein dans le cloître souillé, un prieur osa défier le seigneur félon. Il refusa de lui remettre le calice d’or et invoqua la colère divine sur lui. À ces mots, un fracas de tonnerre ébranla le ciel, et une voix spectrale résonna dans la nuit : « Buron, Buron, ton heure est venue ! ».
Paniqué, le seigneur se précipita hors de la chapelle, où l’attendait un cheval noir aux yeux de braise. Pris d’une terreur indicible, il monta en selle et disparut dans la tempête, galopant vers son château. Jamais plus on ne le revit.
Un château maudit
Le lendemain, une brume épaisse enveloppait Buron. On raconte que les pierres du château noircirent sous la colère céleste et que ses murs commencèrent à s’effondrer peu à peu. Depuis cette nuit fatidique, les ruines de Buron sont hantées par des murmures et des hennissements fantomatiques. Certains disent qu’à minuit, quand le vent hurle entre les vestiges, on peut encore entendre le galop du seigneur maudit errant sur son destrier.
Le souterrain vers Vic-le-Comte
Une autre légende entoure le château de Buron : il existerait un souterrain reliant ses ruines au palais de Vic-le-Comte. Si cette galerie secrète a nourri bien des spéculations, aucune fouille n’a jamais pu en confirmer l’existence. S’agissait-il d’un passage stratégique permettant aux seigneurs de s’échapper en cas de siège ? Ou d’une invention populaire ajoutant au mystère du lieu ?
Quoi qu’il en soit, Buron demeure un site fascinant, où se mêlent histoire et légende, offrant aux curieux et aux randonneurs un voyage dans le passé médiéval auvergnat.
Source : Chroniques extraordinaires des châteaux en Auvergne, René Crozet, Éditions Horvath.